Sortie terrain dans le "Parc naturel territorial de Te Fa'aiti" (littéralement "la petite vallée" en tahitien) situé dans la vallée de Papeno'o, avec Mayalen ZUBIA ARRIETA (Maître de conférence en biologie à l'Université de Polynésie française, UMR EIO), Christophe BROCHERIEUX (Direction de l'Environnement) et Méryl JORDAN (étudiante de M2 à l'Université de Montpellier II, en stage à la Délégation à la Recherche), une occasion d'évaluer les changements de composition végétale depuis les premiers inventaires floristiques que nous avions effectués dans la vallée en 1996, puis en 1998 avec le botaniste Jacques FLORENCE (IRD, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris) en collaboration avec l'association de protection de la nature "Te Rau 'Ati 'Ati a Tau a Hiti Noa Tu".
Photo 1 (cliché : JYM) : Mayalen, à la recherche de sites potentiels d'étude pour des Travaux Pratiques sur les peuplements végétaux à ses étudiants de Licence 3 en Sciences de la Vie et de la Terre à l'Université de Polynésie française, posant devant le panneau installé à l'entrée du Parc créé en 1989, seule et unique aire protégée terrestre de Tahiti d'une surface d'environ 750 ha, soit seulement 0.7 % de la surface totale de l'île.
Photo 2 (cliché : JYM) : bambuseraie à Schizostachyum glaucifolium (Poaceae, " 'ofe" en tahitien) d'introduction polynésienne, devenu l'habitat préférentiel pour la rousserolle ou fauvette à long bec Acrocephalus caffer ("Tahiti Reed Warbler", Muscicapidae, " 'otatare" en tahitien, parfois appelé "manu 'ofe"), oiseau endémique de Tahiti considéré comme en danger ("Endangered") par la Liste Rouge des espèces menacées de l'Union Mondiale pour la Nature (www.iucnredlist.org).
Photo 3 (cliché : JYM) : sous-bois ombragé et humide de forêt hygrophile de basse altitude et "riveraine" (en bordure de rivière), dominée par l'arbre indigène Hibiscus tiliaceus (Malvaceae, "purau" ou "hau" en tahitien) dont les troncs sont recouverts de mousses et de plantes épiphytes (dont les orchidées indigènes Bulbophyllum ou Cirrhopetalum longiflorum, Dendrobium biflorum et D. involutum, Eria rostriflora, Phreatia myosorus).
Photo 4 (cliché : JYM) : infrutescence de Procris pedunculata var. pedunculata (Urticaceae, "araiha" selon NADEAUD, 1873), petite herbacée indigène épiphyte ou saxicole, commune dans les vallées humides des îles de la Société, Marquises, Australes, Cook, et des "forêts de makatea" dans les atolls soulevés de Makatea (Tuamotu) et Henderson (Pitcairn). Le réceptacle charnu de couleur rouge-vif est consommés par les oiseaux frugivores qui disséminent ses petites graines (notamment par le ptilope Ptilinopus insularis sur l'atoll d'Henderson, BROOKE, 1995. Biological Journal of the Linnean Society 56(1-2): 149-165).
Photo 5 (cliché : JYM) : rivière Vaipaea aux eaux vives circulant entre des "éboulis cyclopéens", habitat pour une faune dulçaquicole indigène relativement diversifiée (poissons Gobiidae Syciopteris spp., crustacés Palaemonidae Macrobrachium spp., mollusques gastéropodes Neritidae, insectes Diptères Simulidae).
Photo 6 (cliché : JYM) : petit gastéropode aquatique indigène Septaria porcellana (Neritidae) sur rocher exposé au courant fort, rare dans le cours inférieur de la rivière et observé jusqu'à 340 m d'altitude.
Photo 7 (cliché : JYM) : Hemigraphis reptans (Acanthaceae), une herbacée rampante introduite absente sur le site en 1998, récemment naturalisée et en expansion en bordure de sentier entre 200 et 250 m.
Photo 8 (cliché : JYM) : fruits mûrs d'Ixora cf. fragrans (Rubiaceae, "hitoa" en tahitien selon NADEAUD, 1873), petit arbre endémique peu commun sur le site, subsistant en sous-bois de forêt hygrophile de moyenne altitude vers 350-450 m dominée par les arbres indigènes Neonauclea forsteri (Rubiaceae, "mara"), Crossostylis biflora (Rhizophoraceae, "mori") et Cyclophyllum barbatum (Rubiaceae, "toroea" ou "torotea").
Photo 9 (cliché : JYM) : nid en forme de coupe d'Hirundo tahitica tahitica (Hirundinidae, "Pacific Swallow", " 'ope'a" en tahitien), sous-espèce endémique de Tahiti et de Mo'orea, construit à environ 5 m de hauteur sur la paroi rocheuse du lieu-dit "Te Ana o Pae" (ou "Anatirau") vers 280 m d'altitude, déja observé en mai 1998. Les hirondelles présentent en effet une grande fidélité aux sites de nidification, leur nid étant "occupé plusieurs années de suite et probablement remis en état à chaque nidification" (HOLYOAK & THIBAULT, 1984. Contribution à l'étude des oiseaux de Polynésie orientales. Mém. M.N.H.N., Sér. A, Zoologie, t. 127: 149).
Photo 11 (cliché : JYM) : champignon parasite Tremella cf. fuciformis (Tremellaceae), une espèce à très vaste répartition.
Photo 12 (cliché : JYM) : champignon Balanophora abbreviata (syn. B. fungosa, Balanophoraceae, "huamati" en tahitien et utilisé comme purgatif selon NADEAUD, 1864) parasitant les racines de Ficus tinctoria (Moraceae, "mati"), figuier d'introduction polynésienne et subspontané sur le site. Ce champignon indigène pantropical (Afrique, Asie, Indo-Malaisie, îles du Pacifique) est connu pour parasiter différentes espèces de figuiers dans le monde (HANSEN in HUMBERT, 1984. Flore de Madagascar et des Comores, MNHN, Paris) et à Tahiti en particulier (NADEAUD, 1873).
Photo 13 (cliché : JYM) : touffes dressées d'Huperzia squarrosa (syn. Lycopodium squarrosum, Lycopodiaceae, parfois appelé " 'aero'uri" en tahitien, soit littéralement "queue de chien"), fougère indigène épiphyte présente de l'Asie tropicales aux îles du Pacifique, trouvée à Tahiti jusqu'à 1200 m d'altitude .
Photo 13 (cliché : JYM) : mousse Neckeropsis lepineana (Neckeraceae) formant des tapis denses en épiphyte, une espèce indigène à très vaste répartition (Afrique, Inde, Sri Lanka, Chine, Japon, Malaisie, Australie et îles du Pacifique).
Photo 14 (cliché : JYM) : découverte d'une petite population de l'orchidée Moerenhoutia plantaginea, espèce légalement protégée en Polynésie française, sur bloc rocheux vers 400 m d'altitude. Parmi les autres espèces protégées figurent l'orchidée terrestre Liparis clypeolum, également saxicole, et Polyscias tahitensis (Araliaceae, " 'apape mono'i" en tahitien), arbuste endémique de la Société en forte régression sur le site avec la disparition de trois populations observées le long du sentier en 1998 entre 150 et 200 m, en raison de défrichements et nettoyages du sentier (en 2004), de l'impact des cochons sauvages dont de nombreuses traces de "fouissages" ont été notée, et de l'invasion du miconia (Miconia calvescens, Melastomataceae).
Photo 15 (cliché : JYM) : "marae" restauré au lieu-dit "Te Mapu" (ou "Faratea") situé en bordure de plateau, avec ses pierres dressées sur une plate-forme cérémonielle ("ahu") vers 380 m d'altitude. La vallée est caractérisée par la présence de 116 sites archéologiques actuellement recensés, dont des structures d'habitat, terrasses agricoles, grottes ou abris funéraires (MARIC, 2012. Thèse de doctorat en archéologie, Université de Paris 1-Panthéon Sorbonne).
Photo 16 (cliché : JYM) : inflorescence de Xylosma suaveolens subps. suaveolens (Salicaceae, anciennement Flacourtiaceae, "pine" en tahitien selon NADEAUD, 1873). petit arbre endémique de la Société très mellifère, en forêt de crête mésophile dominé par les grands arbres indigènes Rhus tahitensis (Anacardiaceae), Fagraea berteroana (Loganiaceae) et Metrosideros collina (Myrtaceae) avec en sous-bois les arbustes Premna serratifolia (Verbenaceae), Wikstroemia coriacea (Thymeleaceae) et Alyxia stellata (syn. A. scandens, Apocynaceae).
Photo 17 (cliché : JYM) : refuge construit vers 470 m d'altitude par l'association "Te Rau 'Ati 'Ati a Tau a Hiti Noa Tu" en 1990 avec la mise en place de panneaux solaires les 15-16 juin 1996 par une équipe formée par frère Maxime CHAN, Henri et Yannis JAY, Serge "Siki" PIHATARIOE, Elie POROI et Tave REHU avec Jean-Paul THERON de la FAPE (Fédération des Associations de Protection de l'Environnement, appelée aussi "Te Ora Naho").
Photo 18 (cliché : JYM) : inflorescence d'Etlingera elatior (Zingiberaceae, "Rose de porcelaine"), grande herbacée dressée aux tiges dépassant les 6 m de hauteur introduite comme plante ornementale sur le site et devenu subspontanée.
Photo 19 (cliché : JYM) : Piper methysticum (Piperaceae, " 'ava" en tahitien, parfois appelé "kava") planté au refuge avec vue sur le mont Pihaiateta (1742 m) dans les nuages. Des plants "sauvages" observés en bordure de sentier entre 1996 et 2002 vers 180 et 250 m d'altitude avaient disparu en 2004 en raison de prélèvements.
Photo 20 (cliché : JYM) : à gauche, vue du refuge en octobre 2004 lors d'un "défrichement" de la forêt, et à droite après plantation d'arbres fruitiers (bananiers, cocotiers, citronniers, pamplemoussiers, goyaviers Psidium guajava, girembelliers Phyllanthus acidus, jambosiers Syzygium jambos) et de plantes ornementales (notamment Alpinia purpurea).