Mission à bord du navire scientifique "Alis" de l'IRD (www.ird.fr/toute-l-actualite/science-en-direct/tuhaa-pae/) sur l'atoll isolé et inhabité de Maria (appelé également "Hull island", "Sands island" ou "Nororutu" en polynésien) aux Australes, situé à environ 215 km au nord-ouest de Rimatara, 325 km au sud-est de Mangaia (îles Cook) et 710 km au sud de Tahiti (Société), afin d'y inventorier l'ensemble des espèces végétales... plus de 80 ans après le premier recensement de la flore terrestre le 06 septembre 1934 par les botanistes américains Raymond FOSBERG et Harold St-JOHN lors de la "Mangarevan Expedition" financée par le Bernice P. Bishop Museum de Honolulu.
Photo 1 (cliché : JYM) : Rimatara vue d'avion, une île "composite" ou "volcano-karstique" de 8,6 km² de surface, formée d'un centre volcanique et entouré de formations calcaires soulevées ("mato" en polynésien) atteignant par endroit 15-18 m de hauteur. Il s'agit de l'île habitée la plus petite et la plus basse des Australes, avec un sommet culminant à 84 m d'altitude, la plus âgée (environ 15 millions d'années) et la plus densément peuplée (plus de 800 habitants, soit 94 habitants par km², la plus forte densité après Tahiti !).
Photo 2 (cliché : JYM) : couple de perruches endémiques Vini kuhlii (Psittaculidae, "Kuhl's lorikeet" ou "vini 'ura" en polynésien, "'uravaero" selon SEABROOK, 1938) dans un pin des Caraïbes Pinus caribaea var. hondurensis (Pinaceae) planté et naturalisé sur le plateau Oromana au centre de l'île. Auparavant présent dans l'ensemble des îles Australes et des Cook, cet oiseau est actuellement restreint à Rimatara, indemne de rat noir Rattus rattus, et a fait l'objet d'un programme de translocation vers 'Atiu (îles Cook) en 2007.
Photo 3 (cliché : JYM) : mât de Furcraea foetida (Agavaceae) portant des "bulbilles", organes de reproduction végétative, en savane herbeuse à Melinis minutiflora (Poaceae), deux plantes introduites envahissantes à Rimatara et dans les îles hautes de Polynésie française. Rimatara est l'île des Australes présentant la plus forte secondarisation des milieux (179 plantes introduites naturalisées ou envahissantes contre 80 espèces indigènes et endémiques, MEYER et al. 2004).
Photo 4 (cliché : JYM) : l'Alis, long de 28 m et large de 7, construit dans les chantiers Piriou à Brest et mis en service en 1987, est actuellement basé à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Il comprend 12 membres d'équipage (capitaine, matelots, mécaniciens et cuistot) et peut emmener 6 scientifiques à bord.
Photo 5 (cliché : JYM) : vue des ilots sableux ("motus") de l'atoll de Maria au petit matin, atteints après une journée et une nuit de bateau (à la vitesse de 8 noeuds, soit environ 16 km/h) à partir de Rimatara. L'atoll d'un diamètre de 4 km est formé par quatre motus ("Tanimanu" au nord-est, "Tinimanu" au sud-est, "Haerai" au centre et "Tapu'ata" au sud-ouest) pour une surface terrestre totale d'environ 1,4 km².
Photo 6 (cliché : JYM) : végétation psammophile et forêt littorale avec les arbres indigènes Heliotropium fortherianum (syn. Argusia argentea, Tournefortia argentea, Boraginaceae), Pandanus tectorius (Pandanaceae), Pisonia grandis (Nyctaginaceae) et Guettarda speciosa (Rubiaceae) et au premier plan, les herbacées indigènes rampantes Triumfetta procumbens (Malvaceae), Boerhavia tetrandra (Nyctaginaceae) et dressées Lepturus repens (Poaceae) et Lepidium bidentatum (Brassicaceae).
Photo 7 (cliché : JYM) : grande fougère indigène "nid d'oiseau" Asplenium nidus (Aspleniaceae), terrestre ou épiphyte en sous-bois de forêt à Pisonia grandis.
Photo 8 (cliché : JYM) : inflorescence mâle de Pandanus tectorius (Pandanaceae, "hinano" en tahitien), un petit arbre formant des forêts denses.
Photo 9 (cliché : JYM) : inflorescence de Neisosperma oppositifolia (Apocynaceae), grand arbre indigène formant également des peuplements denses et dont les fruits mûrs tombés au sol sont consommés par les bernard l'hermite et les crabes des cocotiers.
Photo 10 (cliché : JYM) : inflorescence d'Heliotropium anomalum (Boraginaceae), petite herbacée aux feuilles crassulescentes et velues, une adaptation aux conditions écologiques contraignantes, trouvées sur les plages sableuses.
Photo 11 (cliché : JYM) : Laportea ruderalis (Urticaceae), petit arbrisseau indigène aux tiges charnues et formant des touffes sur conglomérats coralliens.
Photo 12 (cliché : JYM) : fleur de Pemphis acidula (Lythraceae), arbuste indigène extrêmement rare sur l'atoll, avec une seule population d'une dizaine d'individus observée sur la pointe sableuse du plus grand motu du Nord-Est.
Photo 13 (cliché : JYM) : inflorescence de Timonius polygamus (Rubiaceae), arbuste indigène trouvé en lisière ou en sous-bois de forêt littorale.
Photo 14 (cliché : JYM) : Hedyotis romanzoffiensis (Rubiaceae), arbrisseau extrêmement rare sur l'atoll avec seulement deux individus observé sur débris coralliens du motu du Sud-Est.
Photo 15 (cliché : JYM) : petite fougère indigène dressée Psilotum nudum (Psilotaceae) poussant sur vieilles noix de coco (Cocos nucifera, Arecaceae) tombées au sol en cocoteraie abandonnée depuis les années 80.
Photo 16 (cliché : JYM) : tapis dense de Tacca leontopetaloides (Dioscoreaceae, "Polynesian Arrowroot" ou "pia" en tahitien), une plante alimentaire au tubercule souterrain consommé comme féculent, probablement introduit et planté par les habitants de Rimatara lors de l'exploitation de la cocoteraie. Cette espèce n'avait pas été notée en 1934.
Photo 17 (cliché : JYM) : Sophora tomentosa (Fabaceae), arbuste indigène non cité en 1934 et observé uniquement sur le site anciennement habité du motu Sud-Est et donc vraisemblablement planté ou introduit accidentellement (?).
Photo 18 (cliché : JYM) : lichen foliacé Ramalina sp. (Ramalinaceae) avec le lichen encroûtant Lecanora sp. (Lecanoraceae)(identifications par Howard FOX, DBN Herbarium, National Botanic Gardens, Dublin) sur branche de Pandanus tectorius.
Photo 19 (cliché : JYM) : mousse Brachymenium indicum (Bryaceae, identification par Jacques BARDAT, MNHN, Paris) formant un tapis dense sur le substrat corallien. Cette espèce indigène à large répartition dans le Pacifique (dont les îles Pitcairn, Samoa, Tonga, Fidji, Marshall, Caroline -Federated States of Micronesia- et Gilbert -Republic of Kiribati-) est présente dans les archipels des Australes, Tuamotu, Gambier (Mangareva) et de la Société.
Photo 20 (cliché : JYM) : champignon (non identifié) sur bois mort de Pisonia grandis.
Photo 21 (cliché : JYM) : poussin de Phaéton (ou "paille en queue") à brin rouge Phaeton rubricauda (Phaethontidae).
Photo 22 (cliché : JYM) : mâle de Frégate du Pacifique Fregata minor (Fregatidae).
Photo 23 (cliché : JYM) : Fou masqué Sula dactylatra (Sulidae) couvant.
Photo 24 (cliché : JYM) : Courlis d'Alaska Numenius tahitiensis (Scolopacidae) en saison d'hivernage.
Photo 25 (cliché : JYM) : Bernards l'hermite ("u'a" en tahitien) alignés sur la plage en bordure de mer au petit matin.
Photo 26 (cliché : JYM) : crabe des cocotiers Birgus latro (Coenobitidae, "kaveu" en langue paumotu, " 'aveu" en tahitien) commun dans les cocoteraies abandonnées et observables de jour comme de nuit.
Photo 27 (cliché : JYM) : rat du Pacifique Rattus exulans, également communément observé de jour.
Photo 28 (cliché : JYM) : papillon Utetheisa pulchelloides (Arctiidae, "Heliotrope moth") dont les chenilles se nourrissent des feuilles d'Heliotropium foertherianum.
Photo 29 (cliché : JYM) : Olfersia spinifera (Diptera, Hippoboscidae), insecte piqueur et suceur de sang ("louse flies") sur jeune Frégate du Pacifique. Cet "ectoparasite" cosmopolite est trouvé dans l'Océan Atlantique, les Caraïbes et dans le Pacifique aux iles Hawaii, Galapagos, Fidji, Salomons, Polynésie française, Australie et sur la côte américaine en Californie, au Panama, Brésil (BEQUAERT, 1941. The Hippoboscidae of Oceania (Diptera). Occasional Papers of Bernice P. Bishop Museum 16(11): 247-292).
Photo 30 (cliché : JYM) : campement sommaire avec le kayak (insubmersible !) ayant permis de franchir la barrière récifale et atteindre les quatre motus.