Prospection sur le sentier partant du lac artificiel de Vai'ufa'ufa situé sur le plateau de Taravao (commune de Taiarapu Ouest, presqu'île de Tahiti Iti) vers 630 m d'altitude et menant au mont Atara (1197 m), avec Michael KIEHN, directeur du jardin botanique de l'Université de Vienne ("Hortus Botanicus Vindobonensis", http://www.botanik.univie.ac.at/hbv/) menant une étude sur la phylogéographie des Cyrtandra (Gesneriaceae) dans le Pacifique, et avec Méryl JORDAN, stagiaire de Master 2 à la Délégation à la Recherche.
Photo 1 (cliché : JYM) : vue sur la cascade de Haoma (ou Aoma) située en aval des planèzes sous le mont Atara, aux pentes densément envahies par le miconia Miconia calvescens (Melastomataceae), une invasion notée sur le plateau de Taravao depuis le début des années 70 .
Photo 2 (cliché : JYM) : Michael et l'arbuste Cyrtandra apiculata (Gesneriaceae) en fleurs, vers 880 m d'altitude. Il s'agit de l'une des 12 espèces endémiques de Cyrtandra présentes à Tahiti (selon GILLETT, 1973), la plus communément observée dans les forêts humides de basse et moyenne altitude de l'île (entre 60 et 1100 m). L'étude des chromosomes ("caryologie") permet de comprendre les mécanismes de spéciation (notamment l'hybridation) à l'origine de la radiation évolutive du genre Cyrtandra en Polynésie française, avec 28 espèces endémiques décrites dont 11 aux Marquises (WAGNER et al. 2013. Phytokeys 30: 33-64).
Photo 3 (cliché : JYM) : inflorescence de Cyrtandra cf. taitensis (Gesneriaceae, "aape" en tahitien selon GUILLEMIN, 1837, "haahape" selon NADEAUD, 1873), autre espèce endémique de Tahiti, encore relativement commune en sous-bois de forêt humide de moyenne altitude (entre 800 et 1100 m), capable de se propager par reproduction sexuée (avec la production de milliers de graines millimétriques par fruit, jusqu'à 10 000 chez certaines espèces !) et par multiplication végétative (M. KIEHN, comm. pers.).
Photo 4 (cliché : JYM) : jeune plant de Macaranga cf. taitensis (Euphorbiaceae), arbre endémique de Tahiti au comportement pionnier (espèce "héliophile"), se développant en forêt de miconia fortement attaquée par le champignon pathogène introduit comme agent de lutte biologique en 2000. La défoliation partielle des arbres en canopée a permis le recrutement en sous-bois de nombreuses plantes indigènes et endémiques.
Photo 5 (cliché : JYM) : jeune plant de Psychotria franchetiana (Rubiaceae), arbuste endémique gravement menacé de disparition à Tahiti en raison de l'invasion du miconia.
Photo 6 (cliché : JYM) : Astelia nadeaudii (Asteliaceae), herbacée épiphyte endémique de la Société, trouvée dès 900 m d'altitude sur la presqu'île de Tahiti Iti, alors que sa zone de répartition commence à partir de 1200 m sur la côte ouest "sous-le-vent" à Tahiti Nui.
Photo 7 (cliché : JYM) : Cephalomanes apiifolium (Hymenophyllaceae), petite fougère indigène terrestre à frondes dressées, caractéristique des forêts ombrophiles d'altitude dites "forêts de nuages".
Photo 8 (cliché : JYM) : "manchon" de mousse Ptychomnion (Ptychomnium) cf. aciculare (identification par T. HEDDERSON), espèce indigène souvent épiphyte commune en forêt de nuages à Tahiti. Connue également de Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Calédonie, îles Samoa, Juan Fernandez et au Chili, elle est trouvée en Australie (régions du New Zouth Wales, du Queensland et de Tasmanie) dans les forêts humides ("rainforests") jusqu'à 1550 m d'altitude (http://www.anbg.gov.au/abrs/Mosses_online/Ptychomniaceae_Ptychomnion.pdf).
Photo 9 (cliché : JYM) : Tibouchina longifolia (Melastomataceae, "Longleaf glorytree"), arbrisseau nouvellement répertoriée en Polynésie française depuis 2010 sur le plateau de Taravao, aujourd'hui naturalisé jusqu'à 900 m d'altitude en zone ouverte et perturbée, dont les glissements de terrain fréquents le long du sentier menant au captage de la cascade Hamoa. Cette espèce est également naturalisée aux îles Hawai'i où deux autres "congénères", Tibouchina herbacea et T. urvilleana y sont extrêmement envahissants (http://www.hear.org/starr/hiplants/reports/pdf/tibouchina_longifolia.pdf).
Photo 10 (cliché : JYM) : Desmodium intortum (Fabaceae, identification par J. FLORENCE, IRD, MNHN, Paris), l'une des nombreuses adventices ou "mauvaise herbes" ayant colonisé les sentiers tracés en forêt au dessus du plateau de Taravao où elles ont été souvent introduites comme plantes fourragères et de pâturage, ou accidentellement comme "contaminants" d'autres graines.
Photo 11 (cliché : JYM) : plantule d'Adenostemma viscosum (Asteraceae ou Compositae, "vaianu" en tahitien selon J. A. GUILLEMIN, 1837), une herbacée d'introduction polynésienne (utilisée comme plante médicinale selon J. NADEAUD, 1864. Plantes Usuelles des Tahitiens. Thèse, Faculté de Médecine de Montpellier), considérée indigène aux îles Hawai'i (WAGNER et al., 2005), souvent indicatrice de sites anciennement habités ou fréquentés en montagne (obs.pers.).
Photo 12 (cliché : JYM) : plantule de Cinchona pubescens (syn. C. succirubra, Rubiaceae, "quinquina rouge"), arbre introduit pour la première fois à Tahiti en 1938 pour la production de quinine (PETARD, 1946. Revue internationale de Botanique appliquée et d'Agriculture tropicale, n°289-290: 654-656), aujourd'hui naturalisé et envahissant sur la presqu'île, dans les forêts de nuages entre 900 et 1200 m. Cette espèce est également fortement envahissantes aux îles Galapagos et Hawai'i.