Sortie sur le terrain dans un vallon situé vers 1200 m d'altitude pour l'étude de la régénération des plantes indigènes, endémiques et introduites naturalisées dans l'une des parcelles permanentes installées en début d'année. Il s'agit de notre 17ème montée de l'année 2013 sur le sentier menant du Belvédère ("Fare Rau 'Ape", situé vers 600 m d'altitude) au Col Hamuta (vers 900 m), ou à Fare Mato (vers 1400 m), ou à Fare Ata (vers 1800 m) et le sommet du mont Aora'i (vers 2070 m) -pour l'équivalent d'une ascension d'un dénivellé d'environ 17 500 m (soit environ deux fois le mont Everest, culminant à 8848 m !)- dans le cadre des programmes de recherche "MoveClim" (collaboration avec Claudine AH-PENG, University of Cape Town & Université de la Réunion) et "PolySpathodea" (avec Sébastien LARRUE, Université de Clermont-Ferrand 2), et des stages de M2 de Pauline BLANCHARD (Université Pierre et Marie Curie, Paris), Méryl JORDAN (Université de Montpellier 2) et de L2-L3 de Tehani JUVENTIN (Université de la Polynésie française).
Photo 1 (cliché : JYM) : forêt dense à miconia (Miconia calvescens, Melastomataceae) dans un vallon humide vers 1100 m d'altitude, fortement défolié en grande partie par l'attaque du champignon pathogène introduit à Tahiti en 2000 comme agent de lutte biologique contre le miconia (Colletotrichum gloeosporioides forma specialis miconiae ou C.g.m.).
Photo 2 (cliché : JYM) : jeune plant d'Alstonia costata (Apocynaceae), petit arbre indigène commun en forêt hygrophile et ombrophile jusqu'à 1500 m d'altitude (obs. pers.), régénérant dans la parcelle d'étude dominée en strate arborée par les fougères arborescentes endémiques Cyathea spp. (Cyatheaceae) envahie par le miconia fortement attaqué par le C.g.m. et en strate arbustive par la grande fougère terrestre indigène Asplenium australasicum (Aspleniaceae).
Photo 3 (cliché : JYM) : Méryl empêtrée dans un fourré dense de Rubus rosifolius (Rosaceae, localement appelé "framboisier"), ronce introduite à Tahiti dans les années 20 et dont les tiges épineuses peuvent dépasser 1.5 m de long, particulièrement envahissante en sous-bois de forêt ombrophile perturbée.
Photo 4 (cliché : JYM) : plantule de Streblus anthropophagorum (Moraceae, "matimati" en tahitien selon NADEAUD, 1873), arbre indigène des vallons humides et frais des forêts ombrophiles. Le nombre de plantules au sol dans les deux parcelles d'étude 10 x 10 m installées vers 1200 m est extrêmement faible (entre 3 et 5 plantules/100 m²).
Photo 5 (cliché : JYM) : plantule de Myrsine sp. (Myrsinaceae), arbre endémique, aux feuilles attaquées par une chenille ou larve "mineuse".
Photo 6 (cliché : JYM) : rejet feuillé de Crossostylis biflora (Rhizophoraceae, "mori" en tahitien selon NADEAUD, 1873), arbre indigène (Samoa, Société et Marquises) peu commun sur le site. La capacité de multiplication végétative (par rejets de souches, drageonnage, bouturage...) de certains ligneux indigènes (ou "réitération traumatique") est une adaptation à des environnements perturbés par les éboulements fréquents, chutes d'arbres causés par les vents violents, cyclones...
Photo 7 (cliché : JYM) : graine ("biakène") ailée du tulipier du Gabon Spathodea campanulata (Bignoniaceae) au sol. Aucune plantule ni jeune plant de ce grand arbre introduit envahissant jusqu'à 1100 m n'a été observé dans les deux parcelles d'étude situées vers 1200 m.
Photo 8 (cliché : JYM) : fronde fertile d'Elaphoglossum samoense (Elaphoglossaceae), petite fougère indigène (trouvée dans les îles de la Société et à Rarotonga aux îles Cook, mais pas aux îles Samoa contrairement à son nom d'espèce !) commune à Tahiti entre 400 et 1400 m d'altitude, souvent en épiphyte sur stipe de fougères arborescentes. Il s'agit de l'une des 9 espèces d'Elaphoglossum présentes en Polynésie française (ROUHAN et al. 2008. Bot. J. Linn. Soc. 158: 309-331).
Photo 9 (cliché : JYM) : crosse de Paesia cf. rugulosa (Dennstaedtiaceae), grande fougère terrestre, héliophile et pionnière, colonisant les zones ouvertes : grandes trouées et lisières forestières, bordures de piste, crêtes incendiées...
Photo 10 (cliché : JYM) : mousse Ptychomnion aciculare formant des manchons autour des troncs, avec ses sporophytes composées d'une longue soie terminée par une capsule contenant les spores, considérés parfois comme un "parasite" du gamétophyte (HALLE, F. 1999. Eloge de la plante. Editions du Seuil, Paris).
Photo 11 (cliché : JYM) : mousse dendroïde Hypnodendron cf. samoanum épiphyte sur tige ligneuse de Freycinetia impavida (Pandanaceae).
Photo 12 (cliché : JYM) : Zosterops lateralis (Passeriformes Zosteropidae, "Silvereye"), petit passereau originaire d'Asutralie et de Tasmanie et introduit à Tahiti en 1937 où il est devenu l'oiseau le plus commun sur l'île. Disséminateur notoire de graines de plantes introduites envahissantes (comme le miconia ou le lantana), il consomme également les petits fruits charnus de plantes indigènes et endémiques et pollinise leurs fleurs. Cette espèce joue ainsi le rôle des oiseaux frugivores et nectarivores éteints à Tahiti en remplissant leurs fonctions écologiques, d'où le terme de "substitut" ("surrogate" ou "substitute species", CARO et al. 2005 Conservation Biology 19(6): 1821-1826).
Photo 13 (cliché : JYM) : le vieux "truck" du restaurant "Le Belvédère" situé vers 600 m d'altitude. Ouvert le 5 juillet 1968, ce restaurant qui a vu passer les chanteurs Jacques Brel, Joe Dassin et Francis Cabrel, fermera définitivement ses portes le soir du réveillon du 31 décembre 2013...