23-29 novembre 2009. Atelier de travail "Espèces Exotiques Envahissantes aux Antilles françaises", Guadeloupe
Mission en Guadeloupe afin de participer à un atelier de travail sur "les Espèces Exotiques Envahissantes dans les Antilles françaises" organisé par le comité français de l'UICN (www.uicn.fr/Especes-envahissantes-d-outre-mer.html) avec les Directions de l'Environnement (DIREN) de Guadeloupe (www.guadeloupe.ecologie.gouv.fr/) et de Martinique (www.martinique.ecologie.gouv.fr/) et le CAR-SPAW (Centre d'Activité Régionale pour les aires et les espèces protégées de la Caraïbe www.car-spaw-rac.org/), en partenariat avec l'ONF, le CIRAD et le Parc National de la Guadeloupe (www.guadeloupe-parcnational.fr/site.html).
PHOTO 1 (cliché : JYM). Vue sur le village de Sainte-Claude où s'est déroulé l'atelier de travail, la ville de Basse-Terre située sur le littoral et capitale administrative de Guadeloupe, et les monts Caraïbes (massif volcanique le plus méridional de Guadeloupe, âgé d'environ 5 MA) depuis les pentes du volcan de la Soufrière.
PHOTOS HAUT MILIEU (cliché : JYM). Plus de 70 participants en provenance des Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélémy) et des îles Caraïbes voisines (Cuba, Trinidad et Tobago, Dominique, Saint-Eustache, Sainte-Lucie), ainsi que les coordinateurs locaux des collectivités françaises d'Outre-Mer (Guyane, Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Saint-Pierre et Miquelon, TAF, Wallis et Futuna) de l'"Initiative sur les Espèces Exotiques Envahissantes dans l'Outre-Mer français" (photo du bas) et des représentants de l'ONF, CIRAD, MNHN, CNRS, INRA, et du Ministère chargé de l'écologie, étaient réunis pour contribuer à la mise en place d'un plan d'action stratégique pour lutter contre les espèces introduites envahissantes (ou "invasives") aux Antilles françaises.
PHOTO 2 (cliché : JYM). Parmi les principales espèces introduites considérées comme envahissantes aux Antilles figure la fourmi-manioc Acromyrmex octospinosus (Formicidae, Myrmicinae : Attini) signalée pour la première fois en Guadeloupe en 1954. Cette espèce champignonière ("fungus-growing ant"), défoliatrice ("leaf-cutting ant") et polyphage cause des dégâts importants dans les zones cultivées mais également dans les milieux naturels en s'attaquant aux fougères arborescentes endémiques du genre Cyathea (PATIN, 2007)
www.guadeloupe.ecologie.gouv.fr/Faune,%20flore%20et%20paysages/Documents/Flore%5CFourmi%20manioc_Foug%C3%A8res_2007.pdf
PHOTO 3 (cliché : JYM). Carte postale sur le raton-laveur commun ou "racoon" Procyon lotor (Procyonidae), espèce protégée par arrêté ministériel depuis 1989 car anciennement considérée comme endémique (sous le nom de Procyon minor) et ayant figurée comme mascotte du parc national de Guadeloupe. Une étude génétique récente a montré qu'il s'agit en fait d'une espèce d'origine américaine, qui aurait été introduite en Guadeloupe vers 1820-40 et vers 1954 en Martinique (LORVELEC et al. 2001). L'augmentation des populations de cet animal omnivore (il se nourrit de plantes, mollusques, crustacés, reptiles, oiseaux) et ses impacts dans les zones agricoles en font une espèce actuellement "nuisible" !
PHOTO 4 (cliché : JYM). Cecropia schreberiana (Cecropiaceae), une espèce indigène des Antilles et du nord de l'Amérique du Sud, pionnière et cicatrisante des trouées et des lisières de forêts naturelles. Une espèce très proche, Cecropia peltata, originaire d'Amérique centrale, est particulièrement envahissante dans les zones ouvertes et perturbées des îles de la Société (Polynésie française) où elle a été introduite en 1926 comme plante ornementale. Parmi les autres espèces autochtones des Antilles particulièrement envahissantes dans d'autres îles tropicales de l'Indo-Pacifique (Hawaii, Fidji, Wallis et Futuna, La Réunion) figure Clidemia hirta (Melastomataceae) !
PHOTO 5 (cliché : JYM). Sortie-terrain sur le Col des Deux Mamelles, en bordure de la route traversière du massif montagneux de la Soufrière. Quelques Pandanus des Mascareignes ("vacoas") et tulipiers du Gabon Spathodea campanulata (Bignoniaceae) ont été plantés comme ornementales sur le parking du restaurant et le talus en bordure de route est colonisé par le pin des Caraïbes Pinus caribaea (Pinaceae), planté et naturalisé dans la zone centrale ("coeur") du parc national.
PHOTOS 6 et 7 (cliché : JYM). Panneaux d'information installés par le Parc National de Guadeloupe au pied du sentier conduisant au volcan de la Soufrière (Bains Jaunes vers 950 m et Savane à Mulets vers 1142 m).
PHOTOS 8 à 13 (cliché : JYM). Florilège de plantes endémiques des Antilles trouvée à la Soufrière. De haut en bas : fleurs de Lobelia stricta (Campanulaceae), de Beslaria lutea (Gesneriaceae), de Psychotria aubletiana (Rubiaceae), Charianthus alpinus (Melastomataceae), Gaultheria swartzii (Ericaceae), Miconia vulcanica (Melastomataceae), Psychotria guadalupensis (Rubiaceae), Irlbachia frigida (Gentianaceae).
PHOTO 14 (cliché : JYM). "L'éboulement Faujas" est colonisé par les fougères arborescentes Cyathea spp. et ses pentes abruptes sont recouverte de tapis de sphaignes.
PHOTO 15 (cliché : JYM). Le piton volcanique Dolomieu colonisé par les Broméliacées Pitcairnia sp.("ananas rouge montagne"), seules espèces végétales capable de s'y développer.
PHOTO 16 (cliché : JYM). L'un des cratères fumant de la Soufrière dont le sommet culmine à 1467 m.
PHOTO 17 (cliché : JYM). Pétroglyphe améridien représentant une femme accroupie en train d'accoucher sur le sentier littoral de la Grande Pointe à Trois Rivières, au sud de Basse-Terre.
17 décembre 2009. Dernière mission de l'année : atolls de Moruroa et Hao (Tuamotu)
Mission sur les atolls de Moruroa et Hao (archipel des Tuamotu) sur l'invitation du COMSUP/CEP (Centre d'Expérimentation du Pacifique) et du Délégué à la Sûreté Nucléaire et à la Radioprospection pour les activités et installations intéressant la Défense (DSND). L'objectif de ce court passage à Moruroa, ancien site nucléaire depuis 1966, démantelé en 1996, était de vérifier l'efficacité de traitements expérimentaux (manuels et chimiques) utilisés en 2007 pour lutter contre le filao ou "'aito" (Casuarina equisetifolia, Casuarinaceae), devenu extrêmement envahissant à Moruroa et Fangataufa, et en extension sur l'atoll habité de Hao.
PHOTO 1 (cliché : JYM). Le "Guardian" de la Marine nationale, un bi-réacteur ("Falcon 20H Gardian" de Dassault, http://frenchnavy.free.fr/aircraft/falcon-20/caracteristiques.htm) pouvant transporter 10 passagers en plus de ses 4 membres d'équipage (pilote, copilote, navigateur et mécanicien), sur le tarmac de l'aérodrome de Moruroa après un vol de 2h30 à partir de la Base Aérienne 190 de Tahiti-Faa'a située à environ 1250 km. Cet avion est utilisé en Polynésie française dans des missions de liaison, d'aérotransport, d'observation et de surveillance, de secours en mer et d'évacuation sanitaire ("EVASAN").
PHOTO 2 (cliché : JYM). Vue aérienne de l'atoll de Fangataufa, autre site d'expérimentation nucléaire entre 1966 et 1970, et de ses îlots coralliens ou "motu" dont certains sont actuellement totalement envahis par le 'aito.
PHOTOS 3 et 4(cliché : JYM). le 'aito ou "toa" ("bois de fer" en tahitien) a été introduit sur l'atoll de Moruroa ("le grand secret" en tahitien) comme espèce d'ombrage et pour constituer des haies dès 1966. Les plus gros individus (80 cm de diamètre à la base) sont encore visibles en bordure de route en 2009.
PHOTOS 5 et 6 (cliché : JYM). Du fait de ses capacités de reproduction prolifique, de croissance rapide et de colonisation sur des sols pauvres et/ou perturbés, le 'aito a envahi entre 100 et 150 hectares sur l'atoll de Moruroa, dont l'ensemble des anciennes infrastructures militaires et civiles, bords de route et de piste d'aviation (photos prises en octobre 2005).
PHOTO 7 (cliché : JYM). Coupe des 'aito à la tronçonneuse avec les militaires en février 2007 dans une parcelle d'étude choisie dans un peuplement "ancien" caractérisé par une faible densité d'arbres de gros diamètres.
PHOTO 8 (cliché : JYM). Pulvérisation avec un herbicide à base de glyphosate ("Asteroide", concentration de 20%) sur des troncs de 'aito écorcés à la machette et entaillés à la hachette en février 2007
PHOTO 9 (cliché : JYM). Avec entre 5 et 10% de rejets de souches ou reprises de troncs dans les quatre parcelles permanentes d'étude de 100 m² choisies dans des peuplements "anciens" (faible densité et gros diamètres) et "jeunes" (forte densité et petits diamètres) de 'aito, les résultats des deux types de traitements manuels et chimiques utilisés sont plus qu'encourageant.
PHOTO 10 (cliché : JYM). Recolonisation du sous-bois par l'herbacée rampante indigène Triumfetta procumbens (Nyctaginaceae). La propagation assistée ou favorisée de la trentaine de plantes indigènes ou "autochtones ("natives") encore présentes sur l'atoll dans les sites de 'aito traités permettrait de contribuer à la réhabilitation écologique de l'île.
PHOTO 11 (cliché : JYM). Parmi les plantes introduites ou "allochtones" (sur les 110 spèces présentes sur l'île) pouvant recoloniser les zones traitées, figure l'arbuste envahissant Pluchea carolinensis (syn. Pluchea symphytifolia, Asteraceae) qui se répand actuellement aux abords de la route près de la piste d'aviation.
PHOTO 12 (cliché : JYM). Amas de gravats et de béton ("merlons") sur l'un des sites de démantelement et de nettoyage des installations militaires ("chantier de réhabilitation" d'une durée de 7 ans et d'un coût de plus de 60 millions d'euros) sur l'atoll de Hao, colonisé par le ricin Ricinus communis (Euphorbiaceae) et d'autres rudérales. Le petit arbre Leucaena leucocephala (Mimosaceae), espèce pionnière des zones perturbées et ouvertes comme le 'aito, est localement très abondant dans certains sites nettoyés.
PHOTO 13 (cliché : JYM). L'arbuste lianescent Cryptostegia grandiflora (Asclepiadaceae), communément planté comme ornementale dans les îles de la Société où il ne s'est pas encore naturalisé, est devenu subspontané à Hao avec la présence de nombreuses plantules au sol. Cette espèce originaire de Madagascar est particulièrement envahissante en Nouvelle-Calédonie dans les zones sèches de pâturage sous le nom de "liane de Gatope", et en Australie dans la région tropicale du Queensland sous le nom de "rubber vine" (www.weeds.gov.au/publications/guidelines/wons/pubs/c-grandiflora.pdf).